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Cet article ne représente qu'une rapide réflexion personnelle appelant au débat.

[jeu-vidéo] Que des jeux violents ?

       Au cours d'un repas, un homme âgé d'un peu plus de soixante-dix ans, après que je lui ai expliqué en quoi consistait ma formation de Game Designer, m'a fait la réflexion suivante : il voit au fil des ans, des jeux-vidéo de plus en plus violents (selon lui) et me demandait pourquoi, comme si j'avais toutes les réponses. Après avoir brièvement réfléchi, voici les éléments que je lui ai donnés (avec le moins de retouches possibles) :

1) L'action de "retirer" quelque chose apparait très tôt dans l'histoire du jeu vidéo, l'action est simple à effectuer et surtout à comprendre. Pour schématiser, il y a un carré, le joueur appuie sur une touche, il n'y a plus de carré. C'est efficace et facile à reproduire. Et l'un des meilleurs moyens d'expliquer cette disparition, c'est la mort d'un ennemi. Au fur et à mesure de l'évolution technologique, les graphismes des jeux se sont perfectionnés. Le détail des textures, la finesse des modélisations, les effets spéciaux, autant d'éléments sur lesquels on passe plus temps aujourd'hui dû aux attentes des joueurs, aux exigences des studios etc.. Ainsi, ces carrés ont été remplacés par des êtres humains et la majorité des jeux se sont alignés sur cette idée avec le temps. La première partie de ma réponse était donc qu'historiquement, le fait de détruire/vaincre/tuer/faire disparaître a presque toujours été présent.

2) La raison qui m'est ensuite venue est plus proche de sa question d'origine, le jeu vidéo est loin d'être le seul médium à avoir évolué et la transmission d'informations a explosé. Il suffit d'un clic sur une télécommande ou sur un site pour avoir un aperçu de tout ce qui se passe dans le monde, je pense que ce fait a conduit les concepteurs à faire de leurs jeux un miroir déformé. Peut-être y a-t-il plus de jeux violents parce que les actes violents sont partout ? L'explosion de jeux indépendants ou non a sûrement dû contribuer à cet effet. Que le gameplay soit ou non lié à la violence, si son contexte l’est, cela impactera son image. D'autant que dans un flot continu de violence (reportages, émissions de faits-divers, séries télévisées, films et donc jeux-vidéo), tout semble se ressembler pour le téléspectateur. La seconde partie de ma réponse était que l'on voyait de la violence partout, ce qui peut sembler une réponse un peu facile, mais néanmoins à ne pas écarter systématiquement.

3) La raison suivante est enfin celle qui va de pair avec la précédente : les médias. Je me suis permis d'estimer quels médias cet homme pouvait-il utiliser, probablement la télévision en source principale, le journal papier et pourquoi pas la radio, il y a peu de chance que cet homme ne regarde des chaînes ou des émissions spécialisées. Le regard qu'il porte sur les jeux vidéo doit donc venir en partie de ce qu'il a vu au fil des JT, des courts articles et des reportages radios, or, les médias grands publics ont régulièrement abordé les jeux-vidéos de manière plus ou moins subtiles et renseignées comme les nombreuses polémiques sur la série "GTA" ou sur le jeu "Rule of Rose" qui avaient servi en leurs temps de punching-ball. Malgré un changement de ton ces dernières années et une volonté d'aborder des productions françaises, en plus des habituels chevaux de batailles, comme "Dishonored" ou "Soldats Inconnus", il demeure que faire un éditorial sur un jeu où tout se passe bien ne doit pas être très attrayant pour une rédaction, de même que vanter un "savoir-faire" français pour critiquer ensuite le résultat. Quelqu'un qui ne s'intéresse pas au médium vidéo ludique aura plus facilement l'impression de ne voir, année après année, polémique après polémique, reportage après reportage, publicité après publicité, que des jeux se ressemblant tous pour leur violence (que ce soit le contexte du jeu ou ses mécaniques).

Cette image provient de "Resident Evil 4".

       Voilà donc les pistes de réponses que j'ai soulevées à cet homme en quelques minutes. Je ne sais pas si un ou plusieurs de ces arguments sont justes, néanmoins le plus important c'est qu'un septuagénaire se soit intéressé, pendant le temps d'une conversation, aux jeux-vidéo et ait tâché de les comprendre un peu mieux. Un jeu violent n'est pas un mauvais jeu, voir des jeux violents n'est pas une mauvaise chose. Toutefois, peut-être que c'est aux acteurs du jeu-vidéo de changer cette image et donner un nouveau visage au médium vidéoludique en exploitant toujours plus son potentiel ; peut-être que c'est aux médias journalistiques de changer d'approches pour montrer cette richesse ; aux joueurs de faire connaitre les jeux qui les ont marqués.

Gabin Jirodet

13/07/2017

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