top of page

[jeu-vidéo] Des jeux culturels pour une enfant ?

Cet article ne représente qu'une rapide réflexion personnelle appelant au débat.

       En 2016, j'ai eu l'occasion de participer en tant que bénévole à un événement appelé "Super Demain". Chaque année, l'objectif est de sensibiliser professionnels ou amateurs aux (nouvelles) technologies, jeux-vidéo inclus.

Je m'étais porté volontaire pour animer / surveiller / conseiller sur les stands liés aux jeux-vidéo, il y en avait plusieurs comme celui pour les enfants en bas-âge (avec "Little Big Planet"), les jeux "différents" (le mien), les jeux publicitaires et les jeux critiques ("Papers Please"). Bien que j'ai pu brièvement intervenir sur les autres, mon stand comprenait "Mario Maker" de Nintendo où les joueurs font leurs propres niveaux de "Mario", grâce à un éditeur qui s'étoffe peu à peu et "Child of Light" d'Ubisoft où une petite princesse s'éveille dans un monde de conte de fées. Le premier est coloré et plein de possibilités, le deuxième en rimes et pastels.

       Durant ces deux jours, beaucoup de parents laissaient leurs enfants s'amuser (quelques-uns ont joué avec eux) et parlaient plutôt avec moi. Des questions sur les jeux trop violents, sur les jeux qui rendent les enfants fous, des réflexions sur leurs jeunesses en salles d'arcades, sur la jeunesse qui joue trop avec une manette et pas assez avec un Playmobil ou des petites-voitures, sur le plaisir simple d'une partie de FIFA entre trentenaires; il y en a eu et je me suis efforcé de toujours répondre au mieux, citant mes connaissances ou des articles et conférences que j'avais suivi lorsque cela s'avérait pertinent !

       Et puis une petite-fille d'environ 10-11 ans est timidement venue prendre la manette de "Child of Light" entre ses mains et m'a regardé en demandant si elle avait le droit de jouer. Pendant que je remettais le jeu au début et discutait avec elle, sa mère l'observait d'un air fermé.

De la conversation qui a suivie, je me rends bien compte que celle-ci ne tient pas les jeux-vidéos dans une très haute estime, surtout parce qu'elle ne s'y est jamais vraiment intéressée... C'est là qu'elle commence à esquisser quelque chose de particulier et que le mot finit par être lâché: contrairement aux livres les jeux-vidéo sont des oeuvres pâles, sans propos ni grand intérêt qui ont parfois une mauvaise influence, seulement voilà, ça intéresse sa fille et elle veut lui permettre d'y avoir accès. Existe-t-il seulement des jeux culturels avec un gameplay "simple" auquel elle pourrait jouer ?

BOUM la question est posée.

       Je lui explique alors que les jeux-vidéo sont bien plus divers que ce qu'elle semble croire et qu'on peut toujours en trouver un qui correspondent à ses envies. Elle ne me contredit pas, en fait, elle l'a déjà dit, elle ne connait pas tout ça. La notion de "culturel" est surtout utilisée pour désigner une oeuvre qui enrichit celui qui la reçoit (étymologiquement, le terme de culture était un terme agricole).

Elle veut que sa fille apprenne des choses, à défaut de l'orienter vers des jeux éducatifs sur lesquels j'aurais été peu à l'aise à l'époque (je les mentionne brièvement néanmoins) j'enchaîne sur des jeux qui pourrait à la fois lui plaire à elle et plaire à sa fille tout en me focalisant sur des mécaniques accessibles, un visuel attrayant et surtout une histoire prenante ou un contexte marquant. Evidemment, je lui conseille "Child of Light" qui a complètement absorbé sa fille et permit de débuter cette conversation et continue avec "Ori and the Blind Forest" en me disant que les graphismes et l'histoire pourrait lui plaire, puis "Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre", de nouveau l'esthétique travaillée et l'histoire pourrait lui plaire, mais c'est surtout sa dimension de témoignages et de leçons d'histoire qui seront un atout non négligeable, je mets en avant le fait que malgré son contexte, le joueur ne tue pas d'ennemis, n'a jamais d'armes à feu dans les mains. Avec ces deux jeux et la manière dont je les présente, j'espère que cela permettra à la mère et sa fille d'avoir un dialogue autour du jeu, c'est comme ça que se fait la culture.

       Je ne saurais dire si mes choix ont été les bons, j'aurais pu ou dû en suggérer d'autre, comme "This War of Mine" que j'ai évoqué, mais pas recommandé à cause de sa brutalité ou "Life is Strange" que j'ai conseillé pour qu'elle serait un peu plus âgée, mais cette dame les a tous notés sur un papier, assurant qu'elle en parlerait avec sa fille. Ce jour-là, une mère qui ne s'intéresse pas aux technologies a amené sa fille dans un salon qui y été consacré, la laissé jouer à des jeux-vidéo et s'est renseigné pour en discuter avec elle.

SuperDemain

Gabin Jirodet

13/10/2017

bottom of page