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[livre] "Haute Fidélité"

& écrire la rupture

Cet article ne représente que mon opinion. J'ai lu le livre en anglais et ceci n'est pas une critique ou une analyse, juste une recommandation.

       "High Fidelity" dans son titre original est le premier roman écrit par Nick Hornby et a été publié en 1995, puis adapté en film en 2000  par Stephen Frears et celui-ci en comédie musicale en 2006 pour 13 représentations à Broadway.

Le livre a été mentionné dans le sondage de la BBC "The Big Read" en 2003 ;  le film a été classé 446e parmi les 500 meilleurs films du magazine Empire ; il est 22e sur 45 des meilleures comédies romantiques selon l’agrégateur Rotten Tomatoes en 2017 après avoir été classé 14e ; en Juin 2010, le magazine Chicago le classe 1er des meilleurs 40 films jamais tourné à Chicago ; l’œuvre aurait inspiré à la chanteuse Regina Spektor sa chanson "Fidelity" qui a propulsé l'album où elle figure de la 70 à la 20e place du "Billboard 200" étasunien.

Pas mal n'est-ce pas ?

       J'ignorais absolument tout de ça quand je l'ai pris.
Une fin d'après-midi, par hasard, j'ai voulu refaire ma pile de livres en anglais et je me suis rendu dans une boutique en espérant trouver "A Long Way Down" de Nick Hornby ("Vous descendez ?" dans son titre français). Ne le trouvant pas, j'allais me détourner du rayon, dépité, quand la tranche de "Funny Girl" a attiré mon regard et que j'ai aussi pris celui d'à côté pour lire le résumé que voici :

" Connaissez-vous votre TOP 5 des ruptures marquantes que vous emmèneriez sur une île déserte ?"

Rob, oui. Il a fait une liste. Mais Laura n'est pas dessus - même si elle vient juste de devenir son ex la plus récente. Vous voyez, il vient de récupérer sa vie. Il peut faire ce qu'il veut, quand il veut : comme écouter n'importe quelle musique qui lui fait envie, s'intéresser aux filles qui sont sur sa liste, et surtout se comporter comme si Laura n'avait jamais compté. Sauf que Rob ne parvient pas à avancer. Il est coincé dans un profond sillon - et il s'appelle Laura. Bientôt, il se pose de grandes questions : à propos de l'amour, à propos de la vie - et à propos de pourquoi on choisit de partager les nôtres avec certaines personnes.

Je ne sais pas trop pourquoi je l'ai pris, je savais que ça risquait d'être le genre de lecture qui allait faire mal, et je ne savais pas si j'en avais envie, mais mû par une curiosité étrange, je l'ai fait, je l'ai lu malgré tout.

       Le livre se lit rapidement, il est relativement court (mon édition anglaise fait 244 pages) et est divisé en chapitres eux-mêmes découpés en petites parties ce qui donne un récit assez aéré.

Raconté à la première personne par Rob, son protagoniste, il s’autorise plusieurs digressions souvent au milieu de phrases ou entre deux situations, parfois pour mieux poser un contexte, parfois pour parler d'autre chose, de cette manière Rob semble être un personnage vivant, naturel, qui suit le cours de ses pensées pendant qu'il raconte son histoire, ce qui peut s'avérer assez déroutant parfois pour la compréhension.

En parlant de Rob, difficile de ne pas évoquer le principal, son caractère.
Il en a un sale.
En fait,
tout le monde dans l’œuvre a un sale caractère.
Et c'est une bonne chose.

Il m'a fallu un peu de temps avant de comprendre pourquoi je poursuivais ma lecture alors que l'histoire est loin d'être la plus palpitante jamais écrite au vu de son sujet ou que je n'aimais pas les personnages, c'est parce qu'avec leurs mauvaise-fois, leurs excès de lucidité, leurs indifférences, leurs espoirs, leurs peines, leurs cruautés... ils sont humains.
Difficile dès lors de ne pas soit se retrouver en eux, soit reconnaître un proche dans l'un des personnages du livre et même lorsque j'étais en désaccord avec un personnage, il n'en restait pas moins, par moment, proche de moi ou d'un proche. Une empathie se crée ainsi entre Rob et le lecteur, la variété de ses réflexions ou de ses émotions m'ont touché et pourtant je n'aime pas plus le personnage à la fin (bon peut-être un peu).

       C'est dans les événements qu'il décrit que"Haute Fidélité" se démarque, le personnage traverse une période éprouvante avec tout ce que ça comporte de montagnes-russes émotionnelles et rien n'est épargné au lecteur, Rob ne fait pas d'ellipses pour se donner une bonne image et ce qu'il décrit ne peut que raisonner chez son lecteur ou sa lectrice de par cette sincérité. De la méchanceté mesquine aux instants désintéressés, de la culpabilité au soulagement, de la honte à la fierté, toutes les nuances d'émotions y passent, provoquées par de multiples situations tantôt tragiques tantôt douloureusement banales, souvent banales en fait, comme un reflet du monde réel. Laura est mentionnée très tôt, mais n’apparaît que très tard, parce que ce n'est pas sa présence qui fait mal à Rob, mais son absence, son souvenir qui vient le hanter constamment.

Et c'est pour ça que j'aimerais vous le recommander : parce que c'est le genre de lecture qui fait un peu mal, mais qui parle intimement à son lecteur, qui rassure aussi (parce que d'autres gens, ici fictives, ressentent la même chose un jour ou l'autre), il n'a pas vocation à mettre en garde sur un comportement, l'interprétation reste libre à chacun : les personnages que j'ai appréciés ou non ne seront pas forcément les mêmes que ceux d'un autre et pour des raisons différentes.

       Au fond du trou ou avec le morale, "Haute Fidélité", avec sa sincérité et son sujet sensible, est une lecture susceptible de toucher de près ou de loin la personne qui l'a entre les mains. Nick Hornby est probablement la personne à avoir le mieux écrit la rupture amoureuse, il y a 22 ans et ce qu'il dit sur l'amour, l'engagement, les hommes, devenir adulte est toujours d'actualité.

 

 

PS: le livre baigne dans la culture musicale, Rob est le patron d'une petite boutique de vinyles et cassettes (il y aurait plus de 235 références musicales dans le livre). C'est pour ça que le terme "sillon" est utilisé pour désigner ce dans quoi Rob est coincé dans le résumé, c'est une référence aux vinyles. Divers personnages du récit parlent de chansons ou de musiques et de ce qu'elles représentent pour ceux qui les écoutent, ce qui amène des réflexions intéressantes et offre des idées sur quoi écouter dans les temps qui suivent.

"High Fidelity" cover by Nick Hornby

Gabin Jirodet

18/08/217

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